Qu’est-ce qu’un enclos ?

Les enclos rassemblent dans un espace clos (d’où leur appellation) un ossuaire, un calvaire orné de personnages et une porte triomphale.

Bâtis du XVIe au XVIIIe siècle, principalement en Nord-Finistère, ces ensembles architecturaux religieux uniques au monde se structurent autour d’une église bordée d’un mur séparant l’espace sacré de l’espace profane. L’entrée dans l’enclos se fait par une porte triomphale. Le cimetière se déploie autour de l’église et dans lequel une croix ou un calvaire, peuplé de personnages religieux, illustre les principaux épisodes de la vie du Christ. L’ossuaire accueillait quant à lui les reliques des corps enterrés dans l’église.

Durant cet âge d’or breton, les différentes paroisses se livrent une concurrence effrénée pour bâtir le plus bel ensemble. Les enclos s’agrandissent et se réhaussent dans l’espoir de faire mieux, plus beau, plus grand et plus exubérant que le village voisin. Les paroisses surenchérissent, ce qui explique la magnificence de ces édifices et leur singulier mélange d’architecture bretonne, gothique et renaissance. Une profusion d’ornements, de couleurs et de dorures qui était aussi une réaction à la rigueur imposée à l’époque par la Réforme.

Partez à la découverte de ces joyaux d’architecture et prenez le temps d’ouvrir grand les yeux : leur beauté se niche dans leurs nombreux détails.

Saint-Thégonnec, le plus majestueux

L’enclos de Saint-Thégonnec illustre brillamment la prospérité d’une paroisse qui fut à l’époque la plus riche du Léon grâce au commerce de toiles. La commune abrite l’un des plus beaux enclos du territoire, d’une richesse architecturale rare et, de ce fait, l’un des plus visités en Finistère. 
Ravagé par un incendie en 1998, l’enclos léonard a été parfaitement restauré. Ce fut d’ailleurs, après le Parlement de Bretagne à Rennes, le plus grand chantier patrimonial jamais entrepris sur le sol breton.
L’enclos impressionne par sa stature et ses imposantes colonnes de granit au style Renaissance. Le somptueux calvaire représente les scènes de la Passion et de la Résurrection du Christ. Il s’agit de l’un des tous derniers calvaires monumentaux édifiés en Bretagne. Sobre, vu de l’extérieur, l’intérieur de l’église composé de retables, autels, statues, vitraux et tableaux est, quant à lui, plus fastueux. Le chœur est particulièrement riche, dans un style dit « versaillais », avec un foisonnement de dorures, de trophées, d’angelots, de saints et de guirlandes de fleurs aux couleurs vives.

Plougonven, le plus ancien calvaire breton

L’enclos paroissial de Plougonven possède le plus ancien des sept calvaires monumentaux de Bretagne. Haut de 4 m et construit sur deux niveaux, il compte 19 scènes illustrant la vie du Christ de l’Annonciation à la Résurrection. Les sculptures sont d’une finesse et d’une richesse qui méritent à elles seules le détour. L’église Saint-Yves construite dans un style gothique flamboyant a été gravement endommagée par les flammes en 1930. Brillamment restaurée depuis, elle est coiffée d’un magnifique clocher à balcon avec tourelle d’escalier, également orné de nombreuses gargouilles grimaçantes.

Guimiliau, le calvaire le plus peuplé de Bretagne

C’est le commerce de toile de lin qui a permis à la petite commune de Guimiliau de se doter de l’un des plus remarquables enclos du Finistère. Jetez un œil à son calvaire monumental, le plus « peuplé » de Bretagne avec ses quelque 200 personnages sculptés dans la pierre. Prenez le temps de les observer, ils relatent la vie du Christ, de l’Annonciation à la Résurrection, et semblent s’animer tels des personnages de bande dessinée.

Si de l’extérieur, l’édifice affiche une élégante sobriété, il suffit de pénétrer dans l’église Saint-Miliau pour être ébloui. Le décor éclatant, lumineux et coloré tranche avec les extérieurs de granit. L’imposant orgue perché en tribune impressionne. Construit entre 1675 et 1680, il a accueilli de nombreux musiciens internationaux.

Lampaul-Guimiliau, éclatant et fastueux

À seulement 3 km de Guimiliau, rejoignez Lampaul-Guimiliau. Au XVIe siècle, les deux bourgs se livrent une compétition acharnée par enclos interposés et rivalisent d’originalité. C’est à celui qui sera le plus grand, le plus remarquable, le plus majestueux ! À l’époque, la commune doit sa prospérité à ses tanneries. L’incroyable essor de cette activité permet de comprendre l’envergure exceptionnelle de l’enclos de Lampaul-Guimiliau. L’église Notre-Dame de Lampaul-Guimiliau est un chef d’œuvre d’art gothique. Du haut de ses 75 m, son clocher était à l’époque l’un des plus hauts de Bretagne, avec celui du Kreisker à Saint-Pol-de-Léon. Il doit aujourd’hui sa forme tronquée à la foudre qui l’a amputé de 18 m en 1809. À l’intérieur de l’édifice, les retables sculptés vous éblouissent par leur beauté et leurs couleurs éclatantes. Certaines scènes représentées auraient été inspirées par des tableaux de peintres flamands comme Rubens. Au pied de la nef, levez les yeux et admirez l’impressionnante poutre de gloire, finement sculptée, portant le Christ.

Commana, un clocher haut perché

Vous voilà au pied du clocher le plus haut de Bretagne. Avec ses 57 m de hauteur, juché sur une colline de près de 280 m, l’enclos paroissial de Commana impressionne et se voit de loin. L’ensemble se distingue par l’extrême sobriété de sa façade aux lignes simples.

Sous des dehors austères, rendant la surprise d’autant plus grande, l’église Saint-Derrien abrite le retable de bois le plus spectaculaire de Bretagne. Dans un style baroque, sur 8 m de large et 6 de haut, les boiseries rouges, brunes et or du retable Sainte-Anne sont d’une exceptionnelle beauté et illuminent l’intérieur de l’édifice.

Pleyben, le calvaire monumental

Un peu éloigné des principaux enclos paroissiaux, Pleyben mérite le détour. À l’époque, la commune doit sa richesse non pas aux toiles mais à la culture des céréales, à l’élevage et à ses foires. Les pleybennois consacrent alors leur fortune à l’édification de leur enclos paroissial.
Son calvaire, avec ses deux arches, est le plus massif de Bretagne. Comme un livre de pierre, vous pouvez y lire trente scènes sculptées illustrant la vie de Jésus. L’église Saint-Germain, dans un style à la fois gothique et Renaissance, se distingue par ses deux clochers et sa croix latine. Son intérieur est particulièrement fastueux. Prenez le temps d’admirer les détails de l’orgue et des retables finement sculptés et colorés. Les vitraux du chœur représentant la Passion du Christ sont aussi particulièrement remarquables et baignent l’église d’une luminosité exceptionnelle.

La Roche-Maurice, haut en couleurs

L’enclos paroissial de La Roche-Maurice est de taille plus modeste que ses voisins malgré son clocher de 60 m. Ici, point d’arc de triomphe ou de grand calvaire en raison de la crise du textile qui a freiné les élans architecturaux. L’église Saint-Yves, construite dans un style Renaissance, présente un intérieur haut en couleurs et abrite plusieurs merveilles qui méritent le coup d’œil. À commencer par son gigantesque jubé en chêne polychrome, l’un des plus beaux de Bretagne. On y distingue des personnages étonnants d’inspiration exotique comme des lions à face humaine, des masques de théâtre ou encore des têtes de singe. Contemplez ensuite l’impressionnant vitrail de 20 m2 illustrant la Passion du Christ. Riche en couleurs et en détails, il n’a rien perdu de sa splendeur d’antan.

La Martyre, une architecture unique

La Martyre est le plus ancien des enclos paroissiaux. Sa construction, qui s’est échelonnée du XIe au XVIIe siècle, offre un beau panorama des différents styles architecturaux qui se sont succédés durant cette période. L’église Saint-Salomon, érigée en mémoire du roi Salomon de Bretagne, est l’élément central de l’enclos. Vitraux anciens et contemporains, retable du XVIIe, clocher du XIIIe, maître-autel du XVIIIe, sa visite est un véritable voyage à travers les styles et les siècles. Attardez-vous sur les murs à l’intérieur de l’édifice. Des peintures murales y ont été découvertes en 1997 lors de la réfection des enduits. Elles dateraient du XIVe siècle. Bien que très dégradées, elles constituent un témoignage très rare de l’art pictural religieux de notre région. On y distingue, parmi d’autres, des représentations du Jugement dernier. En haut de ces murs, le long des poutres, admirez les sablières polychromes finement sculptées qui illustrent des scènes pittoresques bretonnes, comme un joueur de biniou ou encore le travail de labour.

Sizun, une porte triomphale

L’enclos de Sizun s’ouvre sur un majestueux arc de triomphe de style Renaissance à trois arches, surmonté d’un calvaire. Une porte triomphale tout à fait unique qui fait la fierté de la commune. Paris s’en est d’ailleurs offerte une copie dans son Jardin des tuileries en l’honneur du bicentenaire de la Révolution.
L’entrée dans l’église Saint-Suliau se fait par un beau porche méridional et abrite de nombreux trésors tels que son maître-autel et son orgue polychrome. La récente restauration a permis à l’édifice et son mobilier de retrouver la superbe de ses couleurs d’antan. Son clocher de style gothique est l’un des derniers clochers à flèche érigés en Bretagne.

Le Centre d’Interprétation de l’Architecture et du Patrimoine à Guimiliau

Musée d’un nouveau genre, il offre un regard moderne et renouvelé sur les enclos paroissiaux. Agrémenté de dispositifs audiovisuels, le CIAP raconte l’histoire des enclos, l’origine de leur construction dans le contexte de l’époque et leur architecture.
Parallèlement, des visites guidées sont organisées, des ateliers pédagogiques, des conférences et des expositions temporaires.
Une visite immanquable avant ou après la découverte de ces pépites architecturales.

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